10/12/2013

Les carnets de Jane Somers T.2 Si vieillesse pouvait (1984) de Doris Lessing

Une femme de cinquante ans, dont la carrière professionnelle est plus que réussie et qui a toujours sut se montrer en contrôle d'elle-même, tombe subitement amoureuse d'un inconnu et se retrouve responsable de sa nièce de 19 ans, errante telle une épave.

Un autre regard sur l'amour et le sens de la famille.

14/11/2013

Shosha (1978) d'Isaac Bashevis Singer

Je viens de lire mon premier Isaac Bashevis Singer dont ma mère m'a souvent parlé. Je suis tombée sur Shosha par hasard. Je cherchais un autre auteur... J'ai vu ce livre et je me suis dit "C'est le moment où jamais".

C'est un roman réaliste, drôle (par son humour noir) parfois et profondément touchant par son humanisme. Nous plongeons en plein ghetto juif de Varsovie, dans les années 1930. Tout y est, sans fioritures ni violons. Je n'ai pas pleuré. Mais j'y ai beaucoup pensé.

Voici un passage:
"Combien de femmes auras-tu? demanda Shosha
— En te comptant toi, mille.
— Tant que ça?
— Le roi Salomon avait mille femmes. c'est écrit dans le cantiques des cantiques.
— C'est permis?
— Les rois ont tous les droits.
— Si tu as mille femmes, tu n'auras plus de temps pour moi.
— Shoshele, pout toi, j'aurai toujours le temps. Tu siègeras près de moi sur le trône, et tu reposeras tes pieds sur un tabouret de topaze. Lorsque le Messie viendra, tous les Juifs monteront sur un nuage, et s'envoleront vers la Terre sainte. Les Gentils deviendront les esclaves des Juifs. Une fille de général te lavera les pieds.
— Oh! mais ça me chatouillera..."

Dans ce podcast, Alain Finkielkraut aborde l’œuvre d'Isaac Bashevis Singer avec émerveillement, admiration et enthousiasme. C'est en l'écoutant que je me suis rappelée que ma mère avait elle-même beaucoup aimé le lire.

30/10/2013

L'oeuvre au noir (1968) par Marguerite Yourcenar

Un portrait historique de la renaissance à travers le personnage de Zénon, alchimiste, médecin et philosophe.

"Il était de ces hommes qui ne cessent pas jusqu'au bout de s'étonner d'avoir un nom, comme on s'étonne en passant devant un miroir d'avoir un visage, et que ce soit précisément ce visage-là. Il était de ces hommes qui ne cessent pas jusqu'au bout de s'étonner d'avoir un nom, comme on s'étonne en passant devant un miroir d'avoir un visage, et que ce soit précisément ce visage-là."

02/09/2013

Les yeux ouverts (1980), Marguerite Yourcenar, entretiens avec Matthieu Galey

Pour les amoureux de Marguerite Yourcenar, ce livre est une bible.  Je suis tombée dessus dimanche dernier par hasard, dans une petite librairie poussiéreuse du plateau (Montréal), croulant sous des piles de vieux bouquins, tenue par un vieux passionné aux yeux souriants.  Moi qui pensait m'acheter des chaussures ce jour-là!  Elle y parle de son enfance, de son père, de la religion, du mystique, de ses romans, de l'écriture, de la solitude, du féminisme... dans une pensée claire et concise.

"On rêve un peu dans le même style que celui où on écrit.  Chose très curieuse, dans mon expérience, et dans celle des gens que j'ai interrogés du moins, presque personne ne rêve de ce qu'on écrit ou de ce qu'on peint.  On rêve parallèlement.  Très peu de gens semblent rêver des gens qu'ils ont aimés, mettons leurs parents, immédiatement après leur mort; ils en rêvent parfois vingt ans ou quarante ans plus tard.  Ce sont là des indices qui pourraient mener à quelque chose.  Je crois qu'avant de faire des théories il importerait de multiplier les enquêtes sur le rêve."

Ci-dessous, un entretien avec Bernard Pivot pour Apostrophes (1979): 

03/08/2013

Au phare (1927) de Virginia Woolf

J'ai dessiné un phare pour de la recherche graphique pour un contrat de design web. L'idée du phare est venue d'elle-même sans qu'on me l'ait demandé. Étrangement je réalise aujourd'hui que je suis en train de lire Au phare (1927) de Virginia Woolf. Je me suis dernièrement arrêtée au passage suivant:
"Elle avait été admirée. Elle avait été aimée. Elle était entrée dans les pièces où se tenaient des personnes endeuillées. Les larmes avaient coulé en sa présence. Des hommes, des femmes aussi, abandonnant la complexité des choses, s'étaient permis auprès d'elle le soulagement de la simplicité."

09/02/2013

La tâche (2000), de Philip Roth

"L’été où Coleman me mit dans la confidence fut celui où, hasard opportun, on éventa le secret de Bill Clinton jusque dans ses moindres détails mortifiants, plus vrais que nature, l’effet-vérité et la mortification dus l’un comme l’autre à l’âpre précision des faits. Une saison pareille, on n’en avait pas eu depuis la découverte fortuite des photos de Miss Amérique dans un vieux numéro de Penthouse : ces clichés du plus bel effet, qui la montraient nue à quatre pattes et sur le dos, avaient contraint la jeune femme honteuse et confuse à abdiquer pour devenir par la suite une pop star au succès colossal. En Nouvelle-Angleterre, l’été 1998 s’est distingué par une tiédeur, un ensoleillement délicieux, et au base-ball par un combat de titans entre un dieu du home-run blanc et un dieu du home-run café-au-lait. Mais en Amérique en général, ce fut l’été du marathon de la tartuferie : le spectre du terrorisme, qui avait remplacé celui du communisme comme menace majeure pour la sécurité du pays, laissait la place au spectre de la turlutte ; un président des États-Unis, quadragénaire plein de verdeur, et une de ses employées, une drôlesse de vingt et un ans folle de lui, batifolant dans le bureau ovale comme deux ados dans un parking, avaient rallumé la plus vieille passion fédératrice de l’Amérique, son plaisir le plus dangereux peut-être, le plus subversif historiquement : le vertige de l’indignation hypocrite. Au Congrès, dans la presse, à la radio et à la télé, les enfoirés à la vertu majuscule donnaient à qui mieux mieux des leçons de morale, dans leur soif d’accuser, de censurer et de punir, tous possédés par cette frénésie calculée que Hawthorne (dans les années 1860, j’aurais été pour ainsi dire son voisin) avait déjà stigmatisée à l’aube de notre pays comme le « génie de la persécution » ; tous mouraient d’envie d’accomplir les rites de purification astringents – après quoi le sénateur Lieberman pourraient enfin regarder la télévision en toute quiétude avec sa petite fille de dix ans. Non, si vous n’avez pas connu 1998, vous ne savez pas ce que c’est que l’indignation vertueuse. L’éditorialiste William F. Buckley, conservateur, écrit dans ses colonnes : « Du temps, d’Abélard, on savait empêcher le coupable de recommencer », insinuant par là que pour prévenir les répréhensibles agissements du président (ce qu’il appelait ailleurs son « incontinence charnelle ») la destitution, punition anodine, n’était pas le meilleur remède : il aurait mieux valu appliquer le châtiment infligé au XVIIe siècle par le couteau des sbires du chanoine Fulbert au chanoine Abélard, son collègue coupable de lui avoir ravi sa nièce, la vierge Héloïse, et de l’avoir épousé. La nostalgie nourrie par Buckley pour la castration, juste rétribution de l’incontinence, ne s’assortissait pas, telle la fatwa lancée par l’ayatollah Khomeiny contre Salman Rushdie, d’une gratification financière propre à susciter les bonnes volontés. Elle était néanmoins dictée, cette nostalgie, par un esprit tout aussi impitoyable, et des idéaux non moins fanatiques."

Adapté au cinéma par Robert Benton en 2003, La Couleur du mensonge, avec Anthony Hopkins et Nicole Kidman.

Purge (2008), de Sofi Oksanen

« (…) dans la terre du désespoir poussent de mauvaises fleurs. »

 

« Elle avait attendu quelqu’un, exactement comme elle avait attendu alors dans cette cave où elle s’était rétrécie en souris dans un coin de la pièce, en mouche dans la lampe. Et une fois sortie de cette cave, elle avait attendu quelqu’un. Quelqu’un qui ferait quelque chose qui l’aiderait ou qui enlèverait au moins une partie de ce qui s’était passé dans cette cave. Qui lui caresserait les cheveux et qui dirait : « Ce n’était pas ta faute. ». Et qui dirait encore : « Plus jamais. ». Qui promettrait que « plus jamais », quoi qu’il arrive. Et en même temps qu’Aliide se rendait compte de ce qui s’était passé, elle comprenait que ce quelqu’un ne viendrait jamais. Que personne ne viendrait jamais dire ces mots, ne les penserait même ni jamais ne prendrait soin d’elle, plus jamais. Qu’elle, Aliide, était la seule qui puisse prendre soin d’elle. Personne d’autre ne viendrait jamais faire cela pour elle (…).»

20/01/2013

Mémoire d'Hadrien, par Marguerite Yourcenar (1951)

"Rien n'est plus lent que la véritable naissance d'un homme"

"Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la première fois un coup d’oeil intelligent sur soi-même: mes premières patries ont été des livres."



Rien n'est plus lent que la véritable naissance d'un homme.

Rien ne s'oppose à la nuit, par Delphine de Vigan (2011)


"Ai-je le droit d’écrire que ma mère et ses frères et sœurs ont tous été, à un moment ou un autre de leur vie(ou toute leur vie) blessés, abîmés, en déséquilibre… Ai-je le droit d’écrire que Georges a été un père nocif, destructeur et humiliant… Ai-je le droit d’écrire que Liane n’a jamais pu ou su faire contrepoids, qu’elle lui a été dévouée comme elle l’était à Dieu, jusqu’au sacrifice des siens..."