"Attirée malgré moi par cette adresse et par l'histoire tragique qui y est attachée, j'ai eu envie de revisiter la légende familiale", explique Anne Sinclair, née à New York le 15 juillet 1948, directrice éditoriale de la version française du Huffington Post et épouse de Dominique Strauss-Kahn depuis 1991. Cette question du guichetier de la préfecture de police, "on l'avait posée pendant la guerre à des gens qui devaient bientôt monter dans un train... Cela a suffi à raviver en moi le souvenir de mon grand-père obligé de fuir, car déchu de sa nationalité parce qu'il était juif". Et qu'aurait-il dit "s'il avait vu que j'étais née Anne Schwartz dite Sinclair, un état civil modifié en 1949 par décision du Conseil d'Etat".
Sur la couverture du livre, on voit la petite Anne, une main dans celle de Paul Rosenberg, tendrement penché vers elle. "Ce livre raconte son histoire qui, indirectement, est aussi la mienne." "Je me suis plongée dans les archives. J'ai voulu comprendre l'itinéraire de mon grand-père, intime de Picasso, Braque, Matisse, Léger, devenu paria sous Vichy", souligne la journaliste, qui évoque aussi dans son livre la liaison de sa grand-mère avec un autre grand marchand d'art. Fils d'un antiquaire parisien, Paul Rosenberg, qui avait ouvert sa première galerie à Paris en 1911, puis une autre à Londres dans les années 1930, s'est rapidement intéressé aux peintres qui allaient devenir les grands de l'art moderne, tout en vendant des impressionnistes. En 1918, il devient le principal représentant de Picasso en France et à l'étranger, jusqu'en juin 1940 quand il émigre aux Etats-Unis.
Avant de partir, il tente de mettre ses quelque 400 tableaux à l'abri. Mais les nazis parviennent à s'emparer d'une grande partie de ceux restés en France. Plusieurs tableaux pillés ont été localisés ces vingt dernières années, restitués à la famille et vendus. A sa mort, Paul Rosenberg laisse deux héritiers, sa fille Micheline -la mère d'Anne Sinclair disparue voici cinq ans- et son fils Alexandre, décédé en 1987, qui avait repris la galerie new-yorkaise.
"En mai 2011, écrit Anne Sinclair, dans des circonstances douloureuses, je me suis retrouvée contrainte de vivre à New York, soudain prisonnière (...) Chaos de la réalité qui trébuche sur les souvenirs sucrés de l'enfance." "
(réf:http://www.rtl.be/loisirs/livresbd/sorties/733745/anne-sinclair-raconte-son-grand-pere-dans-21-rue-de-la-beotie-)